La Bourse nationale du manuel scolaire (BONAMAS) est un projet du gouvernement ivoirien avec un appui de l’Agence française de développement (AFD), visant à faire des prêts-locations de manuels scolaires aux élèves du premier cycle du secondaire public et privé.

Après la phase pilote, une phase d’extension progressive a commencé cette année scolaire pour les classes de sixième. Dans la Direction régionale de l’Education nationale et de l’Alphabétisation (DRENA) de Divo, 14 établissements en bénéficient, dont dix sont des collèges publics de proximité. Un mois après le démarrage de ces prêts-locations, 29,31% des élèves visés ont souscrit pour avoir les huit manuels contenus dans un kit BONAMAS, en suivant une procédure en ligne.

Le mode de souscription de l’élève au projet BONAMAS

Les stocks des manuels du projet sont gérés par l’Antenne de la pédagogie et de la formation (APFC) qui distribue à chaque établissement scolaire la dotation qui lui était destinée, en fonction du nombre d’élèves attendus dans les classes concernées.

Pour recevoir le kit, chaque élève qui s’est déjà inscrit, en début d’année scolaire, dans un collège où le projet est réalisé, s’inscrit volontairement en ligne en s’acquittant d’une contribution de 10 000 FCFA, contre une quittance de paiement qu’il présente à l’école et reçoit en retour son kit scolaire contenant huit manuels.

En fin d’année, les élèves devront rendre les manuels. En cas de perte ou de dégradation avancée de ceux-ci, les élèves payent la somme de 2 000 FCFA en ligne, pour la réparation de chaque livre.

Chaque enseignant reçoit gratuitement le manuel de sa discipline, mais qu’il devra rembourser en cas de perte. Pour ce projet, des formations ont été organisées pour montrer aux enseignants comment les utiliser avec les élèves. Dans les collèges visés, des réunions d’information et de sensibilisation ont été initiées par les responsables d’établissement, afin d’amener les parents d’élèves à y adhérer.

L’un des objectifs affichés dans ce projet est de « mutualiser des ressources pour faire baisser le coût des manuels scolaires au bénéfice des élèves », et en faire « un instrument de solidarité et de cohésion sociale ».

Une fois la souscription faite, l’enfant reçoit son kit de huit manuels dans des disciplines comme le Français, l’Anglais, les Mathématiques, la Physique Chimie, les Sciences de la Vie et de la Terre (SVT), l’Histoire Géographie, l’Éducation aux droits de l’Homme et à la Citoyenneté (EDHC), de même que les Technologies de l’Information et de la Communication (TIC).

Le tableau du bilan des souscriptions dans les 14 établissements concernés dans la DRENA de Divo indique des variations d’adhésion parfois grandes

Les souscriptions ont démarré le 1^er octobre 2024, avec un total de 22 408 manuels disponibles dans 14 collèges retenus dans la DRENA de Divo. Si la moyenne des souscriptions se situe à près de 30%, le point détaillé, à la date du mercredi 23 octobre 2024, indique des variations parfois importantes d’un établissement à l’autre.

Il ressort du bilan dressé par le chef de l’Antenne de la pédagogie et de la formation (APFC) de Divo, Bosson Abri, en charge de ce projet dans la DRENA, que le collège moderne d’Ogoudou a le plus faible taux de souscription, à savoir 10,06% de souscription, soit 77 kits loués sur un total de 437 kits disponibles. Ce collège a reçu le plus grand nombre de manuels parmi les 14 établissements concernés par le projet cette année.

Le plus fort taux d’adhésion est celui du collège moderne de Nébo, où 77 élèves ont souscrit et reçu leurs manuels scolaires sur un total de 115 kits disponibles, soit 66,95% des élèves visés ont souscrit.

Au niveau des quatre collèges privés retenus pour le projet, l’on constate les mêmes variations d’un établissement à l’autre, concernant le nombre d’élèves ayant souscrit à l’opération.

Le collège privé Adventiste de Divo et le collège privé Renouveau de Lakota ont enregistré les plus forts taux de souscription avec respectivement 55% sur 154 kits de manuels disponibles et 54% sur 170 kits de manuels disponibles.

Dans les collèges privés Divine famille de Divo et Ecluses de Hiré ont respectivement été réalisés 27,14% et 12% de prêts de kits de manuels scolaires.

L’appréciation du projet par des acteurs de l’éducation nationale dans la DRENA de Divo

Les acteurs de l’éducation nationale saluent dans leur ensemble le projet BONAMAS, notamment les responsables d’établissement, les enseignants, et les parents d’élèves.

Selon la principale du collège moderne de proximité de la sous-préfecture de Nébo, Kadio Assomou, ce projet permet à un grand nombre d’enfants, contrairement au passé, d’avoir les manuels pour pouvoir suivre les cours et pouvoir faire ses exercices de maison.

Elle note que « dans l’ensemble, les parents d’élèves ont bien accueilli le projet BONAMAS » dans sa localité, car en moins d’un mois, 77 kits ont été pris sur un total de 115 disponibles pour les élèves de sixième.

Le censeur au collège privé Adventiste de Divo, Kouassi Kouassi, en charge du projet BONAMAS dans son école, a expliqué qu’au départ les parents d’élèves étaient réticents et dubitatifs, mais à la suite des réunions et la sensibilisation des élèves, progressivement les souscriptions ont pris de l’ampleur. A la date du 23 octobre, 85 parents ont souscrit sur un total de 154 kits disponibles, soit 55,19% de kits loués dans cette école.

Le professeur d’Anglais au collège Adventiste de Divo, Koudou Dadié, a soutenu qu’en leur qualité d’enseignants et de parents d’élèves, ils sont heureux de ce projet, dans la mesure où le prix du kit réduit considérablement les frais auxquels les parents d’élèves sont confrontés chaque année.

« C’est difficile pour un enseignant de dérouler le cours quand les élèves n’ont pas de document. Et un élève qui n’a pas de document c’est difficile pour lui de suivre, et le niveau baisse. Avec ce projet, beaucoup d’élèves vont pouvoir avoir les documents et c’est bon dans le sens de l’apprentissage », a soutenu M. Koudou Dadié.

Son avis est partagé par le professeur de Français au collège moderne de Nébo, Blaka Médio. Selon M. Blaka, les enseignants pourront plus facilement « installer les aptitudes chez les élèves et relever ainsi leur niveau pour l’amélioration des résultats scolaire ».

Le président du Comité de gestion (COGES) du collège moderne de Nébo, Krégbé Oscar, a remercié le gouvernement ivoirien pour cette initiative qui, selon lui, non seulement réduit les frais de fournitures scolaires pour le parents d’élèves, mais met fin au renouvellement incessant d’ouvrages scolaires à chaque rentrée scolaire, poussant le parent à payer constamment de nouveaux manuels pour son enfant.

« Les livres doivent durer quatre ans, c’est une bonne chose, nous sommes rassurés », a déclaré M. Krégbé.

Le chef de l’APFC de Divo, Bosson Abri, a noté qu’après un mois l’évolution des souscriptions est positive, parce qu’elle dépasse 25%.

« Il y a de l’engouement, mais les parents pourraient être plus nombreux à souscrire. Certainement que l’information et la sensibilisation doivent être renforcées à tous les niveaux », a soutenu M. Bosson.

L’objectif de la BONAMAS est de contribuer à l’amélioration des enseignements, des apprentissages et des résultats scolaires. Le manuel scolaire à la disposition d’un enfant est un outil indispensable pour lui et constitue également, pour les parents, un instrument de contrôle de l’activité scolaire, de suivi et d’évaluation du travail des enfants, souligne-t-on au niveau de ce projet.

Selon des statistiques du ministère de l’Education nationale et de l’Alphabétisation, deux sur 60 élèves disposent au moins d’un manuel scolaire, et 20 à 25% des élèves des collèges en Côte d’Ivoire disposent d’un manuel scolaire.

Le projet BONAMAS, qui vise à inverser ces chiffres, a eu l’appui de l’Agence française de développement (AFD) et un financement de la coopération franco-ivoirienne, à travers le Contrat de désendettement et de développement (C2D), pour un montant global de 3,280 milliards de francs CFA. Il va s’étendre progressivement à toutes les classes du premier cycle jusqu’à la classe de troisième d’ici trois ans et se généraliser.

jmk/fmo

Jean-Marie KOFFI,

Chef de bureau de Divo